Une journée de travail à Buenos Aires

Trouver un travail à Buenos Aires entre Palermo, San Telmo et le Microcentro
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Une journée de travail à Buenos Aires

Par Marc, journaliste rédacteur pour Les Cahiers Vagabonds, parti travailler à Buenos Aires dans le cadre d’un permis vacances travail. Les photographies ont été réalisées par Melissa Pollet-Villard.

Buenos Aires. Littéralement les « bons airs ». On a vu mieux en termes de justification de patronyme. Contrairement à ce que laisse croire son nom, il est assez difficile de trouver du « bon air » dans la capitale argentine. On y ressent plutôt une pollution assez dense et nauséabonde. En revanche, l’ambiance qui ressort du cœur de la cité porteña est positive, agréable et entraînante. Du lundi au vendredi, j’effectue un aller-retour à pied depuis le quartier de San Telmo jusqu’au microcentro, où se situent les banques et autres édifices liées aux affaires, afin d’effectuer mes quatre heures de service dans un restaurant français. Lors de mes aller-retours, je flâne et profite de cette ambiance vivante, latine, chaleureuse et pressée. Je vous raconte tout.

Du calme de San Telmo…

J’ai très exactement, selon Google Map, 2 100 mètres à marcher porte à porte. Après avoir consacré la matinée à me reposer ou à écrire, mon autre travail, j’arpente donc la calle Defensa pour environ un kilomètre vers 11 h 30. Les trottoirs sont étroits mais on ne se bouscule pas lorsqu’on se croise puisqu’à cette heure-ci, c’est plutôt calme. Un peu de trafic, quelques ouvriers en pleine besogne pour retaper une façade, des livreurs pour les restaurants et une poignée de touristes qui cherchent leur chemin.

L’ambiance change lorsque j’arrive à proximité de la Plaza de Mayo, en face de laquelle se trouve la Casa Rosada, la résidence présidentielle. Les premiers buildings se dressent, tout comme les premiers vendeurs à la sauvette. La traversée de la place, inlassablement occupée par des banderoles acquises à diverses causes (les disparus de la dictature, les « victimes » du gouvernement argentin, les vétérans de guerre oubliés…) prend plus ou moins de temps en fonction des manifestations.

les travaux a Buenos Aires
Les casques bleus en plein chantier ©Melissa Pollet-Villard

Buenos Aires bouillonne perpétuellement. Un grand nombre de rassemblements de mécontents ont lieu dans le centre de la capitale tout au long de la semaine. Lorsque j’en croise, je suis à chaque fois fasciné par le rythme musical dicté par les manifestants pour s’exprimer. J’ai l’impression d’assister à un match de football dans un stade argentin. Les chants sont rythmés, passionnés et enjoués. A côté, la CGT peut aller se rhabiller.

…à la ferveur du microcentro

C’est avec ou sans les sons des tambours – cela dépend des jours – que j’entre dans le microcentro par la calle San Martin, la rue où je travaille. J’ai encore un peu plus d’un kilomètre à parcourir jusqu’au restaurant Frenchie. Le décor change. Banques, agences de change, compagnies de téléphonie et sites de restauration rapide se succèdent au pied de grands buildings. Le pas se veut plus pressé, les gens consultent davantage l’heure et se baladent avec une petite mallette à la main. Les tenues vestimentaires contrastent avec San Telmo, plus populaire.

Ici, les hommes arborent fièrement des costumes, les chemises sont de rigueur et on n’offre que peu de place aux shorts, trop décontractés pour ce quartier. Les femmes se veulent également plus « habillées ». La recherche de la distinction passe par des robes ou pantalons plus cintrés et une plus grande hauteur de taille, grâce à des talons plus importants. Les silhouettes s’affinent davantage également et on devine que ces dames et ces messieurs qui fréquentent le quartier d’affaires font d’énormes efforts pour ne pas prendre de poids, faisant du sport et soignant leur alimentation.

travailler dans un restaurant de Buenos Aires
Les Argentines adorent les hauts talons ©Melissa Pollet-Villard

Empanadas et salades

Ce dernier point, je le vérifie par moi-même chaque jour de la semaine lorsque je sers les clients du restaurant, venus goûter à la cuisine et à l’ambiance française. Pour la plupart des habitués, on sent qu’ils ont de la retenue lors du repas de mi-journée. Rares sont ceux qui veulent la complète : plat du jour, vin, pain, sauce et dessert. On privilégie la salade si on a envie de faire attention et on ne prend pas d’alcool car « on va au sport après » et parce que le verre de vin le midi n’est pas ancré dans la culture comme il peut l’être en France, par exemple.

Servir les Argentins lorsque l’on a un accent français est un régal. Je passe un service à plaisanter avec des gens qui apprécient le français et les Français. C’est toujours agréable parce que l’on n’a pas souvent ce sentiment dans les autres pays du monde.

Fin de journée pour les porteños

Après quatre heures de service dans une ambiance franco-argentine agréable (les serveurs et le patron sont français et les cuisiniers argentins), je repars en direction de chez moi, accablé par la chaleur estivale. Entre 16 h et 17 h, le microcentro bouillonne toujours, les travailleurs commencent à quitter leur poste pour rentrer chez eux. Le trafic se veut toujours aussi dense autour de la Plaza de Mayo et lorsque je reviens à San Telmo.

Le retour au quartier sonne comme un soulagement. Les bâtiments et les rues sont moins étouffants et les costumes et les robes « habillées » sont rangés dans les placards des maisons anciennes du quartier. Les gens dégagent plus de sensibilité. Ils apparaissent à mes yeux comme plus calmes, plus natures et moins dans l’apparence, contrairement à l’exigeant microcentro.

Trouver un travail a Buenos Aires entre Palermo, San Telmo et le Microcentro
De San Telmo au Microcentro, la ligne droite ©Melissa Pollet-Villard

Les derniers instants du retour sont donc généralement plus paisibles, un sentiment conforté par la perspective d’une bonne douche fraîche pour effacer les stigmates de la chaleur de l’été porteño. Mais un sentiment quelque peu troublé par les sonneries stridentes qui émergent lorsque les voitures sortent des parkings. Mais sans un peu de désordre pour troubler le calme, ce ne serait pas Buenos Aires. Plus que quelques mètres et j’en ai terminé de ma routine quotidienne. Le temps de saluer en passant les commerçants d’en bas de chez moi, pour qui je suis déjà un familier, et je vais enfin pouvoir me mettre à l’abri de la canicule.

J’ai dépensé cinq heures de ma journée de manière efficace. J’ai fait du sport, parlé espagnol et appris des nouveaux mots, échangé avec des Argentins, respiré l’atmosphère de Buenos Aires et aussi gagné de l’argent. Le tout dans la bonne humeur. Une expérience que je recommande.


Retrouvez les aventures de Melissa et Marc sur le blog Les Cahiers Vagabonds.

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